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Il faut compter une journée de bus pour
rejoindre Kars depuis Trabzon. Finis les gros bus confortables : l'état des routes ne
permet plus ce genre de luxe...
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Mini-bus donc, pas de clim donc,
et c'est étonnant comme il peut faire chaud et lourd au bord de la mer Noire... Plus on
va vers l'Est et plus c'est intenable, pffffff, jamais vu ça ! Même une fois la côte
quittée il faisait une chaleur indescriptible, alors qu'on était persuadés que ça
irait tout de suite mieux en attaquant la montagne...
Les paysages entre Kars et Ani sont magnifiques, et il faut
absolument faire la route de jour. On traverse plusieurs types de paysages complètement
différents.
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la côte :
De la mer Noire jusqu'à Hopa [devons nous répéter qu'il faisait chaud ??? :) ] avec la mer bien près de la côte (les jours
de tempête ça doit laver les bus). Cette partie du trajet est longue et monotone.
la montée
infernale :
Après Hopa, 20 km de montagne, beaucoup de végétation avec plantations
diverses, théiers, noisetiers... La route monte et donne l'impression de s'enfoncer dans
les nuages. En fait le bus commence l'ascension immédiatement après avoir quitté la
côte, on dirait que la montagne sort directement de la mer.
le petit Pakistan :
Une fois Artvin dépassée, la végétation tend à disparaître pour laisser la
place à de la caillasse, dans une vallée très encaissée traversée par un torrent aux
eaux grises... C'est le fond du gouffre, c'est sec de chez sec, ça dure des kilomètres
et des kilomètres, dans la chaleur, la poussière, les éboulis... On dirait une carte
postale du Pakistan... Malgré ce milieu complètement inhospitalier, des panneaux de
signalisation indiquaient la proximité de villages sur les hauteurs.
En fait, il n'y a pas beaucoup de véhicules en temps normal. Ici, la route
avait été coupée temporairement par des éboulis. Une fois dégagée, tout le monde est
reparti à fond, comme pour rattraper le temps perdu.
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![entre Artvin et Yusufeli](cd2-23.jpg) |
la petite
Mongolie :
La récompense enfin, que nous avons surnommée "la petite Mongolie" :
avant l'arrivée sur Kars, la vallée encaissée débouche sur le plateau (1500 m
d'altitude). Le paysage se métamorphose alors complètement pour nous offrir des champs
tout verts dans lesquels paissent tranquillement des troupeaux de vaches et de moutons, et
où courent des chevaux en liberté... Les paysans faisaient les foins (mois d'août) et
transportaient leur cargaison (l'herbe est transportée telle qu'elle) sur des chars
tirés par des chevaux. On aurait dit la projection d'un film... Cet endroit magique,
c'est Göle et ses environs.
De temps en temps, on peut apercevoir quelques hameaux composés de maisons sommaires
à moitié enterrées (pour se protéger du froid de l'hiver), devant lesquelles sèchent
des briques de bouse séchée destinées à alimenter les cheminées. Car même s'il fait
chaud en été par ici, il y fait aussi très froid en hiver (jusqu'à -40 °C). A noter
que, malgré leur rusticité, certaines de ces habitations sont équipées de paraboles ! :) .
![](cd2-25.jpg) |
Kars semble être une ville tranquille ; on a vite fait d'en
faire le tour. Mais il est facile de se balader dans les environs (mais... est-ce bien
conseillé ?), où la campagne invite à faire de belles photos ; c'est aussi l'occasion
de faire des portraits, car les enfants repèrent vite les promeneurs et c'est souvent
avec une horde de gentils petits garnements qu'il faut continuer la promenade, à moins
que ce soient leurs parents qui vous invitent à boire un verre d'ayran (boisson faite de
lait en fermentation, comme un yoghourt liquide avec des morceaux...).
Kars est à l'écart de tout, cependant, nous avons pu trouver un
"Internet Café" dans le centre ville, comme dans la plupart des villes que nous
avons visitées d'ailleurs... Bizarre de voir cohabiter technologies modernes et chauffage
à la brique de bouse de vache à quelques centaines de mètres d'écart !
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Juste un petit regret... Lorsque nous avons quitté la ville pour nous rendre à
Erzurum, nous avons repéré un marché aux bestiaux entre le centre ville et la gare
routière (sans avoir la possibilité d'y aller). Nous sommes passés juste à coté. On
se serait cru au far-west... Il y avait un nombre incalculable de bêtes (des vaches, des
moutons, des ânes, des chevaux) dans un parc fermé. Le marché avait l'air d'être des
plus animés sans compter une authenticité à toute épreuve... Par contre, nous n'avons
aucun renseignement à son sujet, est-il permanent, hebdomadaire, mensuel... ? En tout
cas, il semblait valoir le détour...
Il ny a pas grand chose d'extraordinaire à visiter à Kars. Bien sûr,
vous ne viendrez pas ici par hasard. Aux environs de la ville, un site archéologique
très important vous tend les bras : c'est ANI, ancienne capitale de l'Arménie.
Il est facile de se rendre sur le site d'Ani, situé à une quarantaine de km de Kars ;
plusieurs taxis pourront vous proposer leurs services. Nous avons choisi de passer par
l'Office du tourisme ; cette solution permet de trouver plus facilement d'autres touristes
(ils ne couraient pas les rues à Kars en ce mois daoût 1999...) pour compléter
une voiture et donc faire baisser le coût du trajet. Il fallait de toute façon passer à
l'Office du tourisme pour se faire inscrire pour la visite (inscription préalable et
passeport sont nécessaires). Compter une bonne matinée pour l'excursion, aller-retour
plus visite. Une seule route mène à Ani, et elle sarrête à l'entrée du site
juste après le village d'Ocakli.
Le site d'Ani, ancienne capitale de l'Arménie, est grandiose et étrange à la fois.
Très chaud l'été, très froid l'hiver (jusqu'à 3 mètres de neige et -45 °C), il
accueille insectes et animaux divers, du scorpion au loup en passant par le serpent. On se
demande comment ce site a pu être habité pendant des siècles avec de telles conditions
climatiques.
UN PEU
D'HISTOIRE...
L'histoire d'Ani est mouvementée et la ville a connu de nombreuses invasions. Il faut
dire que sa situation géographique pouvait attiser les convoitises, d'une part parce
qu'elle était située sur la route de la soie, d'autre part parce qu'elle bénéficiait
de protections naturelles (deux ravins ferment partiellement la ville, dont un sert
aujourd'hui de frontière avec l'Arménie). Elle vivait principalement du commerce.
En 961, Ani est choisie par le roi Ashot III comme capitale, en remplacement de Kars.
En 1045, la ville est prise par les Byzantins, puis par les Seldjoukides d'Iran en 1064.
Puis elle fit partie du royaume de Géorgie. Les Mongols prirent la ville en 1239.
Par la suite, divers facteurs affaiblirent Ani, jusqu'à son extinction complète. Un
tremblement de terre en détruisit une bonne partie en 1319 ; mais on attribue aussi son
déclin à une modification du tracé des routes commerciales, la privant ainsi de ses
revenus.
Du temps de l'URSS, le site d'Ani se trouvait dans le no man's land entre la Turquie et
l'Union Soviétique. Elle est aujourd'hui dans le no man's land turco-arménien.
VISITE DU
SITE
![](ani-map.gif) |
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Église St-Grégoire (Gagik 1er)
Église du Rédempteur
Église St-Grégoire de Honentz
Cathédrale (Fethiye Camii)
Mosquée (Menüçer Camii)
Citadelle (Iç Kale)
Caravansérail
Couvent de la Vierge
Église Kizkalesi
Église St-Grégoire d'Aboughamrentz
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En 1999, la visite seffectuait
obligatoirement en compagnie de militaires, en charge de la surveillance des lieux. Un
poste militaire est installé ici car on se trouve à la frontière entre la Turquie et
l'Arménie, et certains principes doivent être strictement respectés, comme par exemple
de ne pas pointer d'appareil photo en direction de la frontière (Turcs et Arméniens se
retrouvaient alors tous les 15 jours pour renouveler ce protocole)... les militaires
veillent donc à ce que les touristes ne posent pas de problèmes. |
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En discutant avec eux, nous avons su que ces militaires n'arrivaient pas
là par hasard. Malgré le climat rude, ils avaient malgré tout de la chance, loin des
manuvres ; car l'armée en Turquie ne semble pas être une partie de plaisir. Les
militaires d'Ani sont choisis en fonction de leur niveau d'étude et de leurs capacités
à parler les langues étrangères, car ils servent aussi de guides aux visiteurs. Le
nôtre parlait couramment le français et a pu nous donner tous les détails concernant
l'histoire du site.
Passés les remparts, on découvre ce qui reste de la cité : d'une
ville que l'on disait habitée par 100 000 personnes, il ne reste que quelques édifices
religieux, éparpillés ça et là. Tout semble abandonné, au gré des intempéries. Il y
a quelque chose de mystérieux à se balader dans un tel site, qui n'est pas (encore ?)
aménagé pour le touriste. Il semble que personne n'ait mis les pieds ici depuis des
siècles.
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![l'église St-Grégoire de Honentz](cd2-10.jpg) |
ÉDIFICES
PRINCIPAUX
l'église du Rédempteur - XIe siècle
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Elle est facilement reconnaissable car il ne reste
qu'une moitié de l'église ; elle a été coupée en deux par la foudre.
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la cathédrale - Xe siècle
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C'est le plus grand édifice restant. L'architecte
qui l'a conçue est le même que celui qui a effectué les réparations du dôme de
l'église Ste-Sophie à Constantinople (Istanbul) après le tremblement de terre de 989.
Selon les invasions, la cathédrale fut transformée en mosquée ou retransformée en
église.
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l'église St-Grégoire de Honentz - début XIIIe
siècle
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C'est l'édifice le mieux conservé d'Ani. Les murs
intérieurs sont couverts de peintures illustrant des scènes de la Bible, relativement
bien conservées. On trouvera aussi de nombreux détails de sculptures sur les façades
extérieures.
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la forteresse (Kale)
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Elle n'a rien de fantastique en elle-même. Par
contre, ses ouvertures (fenêtres) offrent un panorama sans égal. De là, on peut admirer
le Couvent de la Vierge (encore interdit aux visiteurs en 1999), les restes du pont
enjambant la rivière Arpaçay (porte de l'Anatolie sur la route de la soie), et bien sûr
quelques miradors arméniens.
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l'église St-Grégoire d'Aboughamrentz - début XIe
siècle
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![l'église St-Grégoire d'Aboughamrentz](cd2-11.jpg) |
Nous n'avons pas beaucoup d'informations sur cette
église qui domine une vaste plaine semi-désertique et qui semble posée au milieu de
nulle part.
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Il reste bien sûr d'autres éléments remarquables, dont le double mur d'enceinte, le
caravanserail, les restes d'une mosquée, etc...
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NATHOU & NONO - © 1996-2002
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![](../divers/terre.gif) |
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