Trujillo est une ville animée, mais qui n’offre pas d’intérêt majeur outre le site archéologique de Chan-Chan, et le fait qu’elle ne soit pas loin de l’océan (sortez vos maillots de bain).
     Pour faire trempette, rendez-vous à Huanchaco, paradis des surfeurs (qui devaient tous être en grève ou en vacances le jour de notre visite). Vous y verrez peut-être quelques embarcations en bambou, qui ressemblent à celles utilisées sur le lac Titicaca par les Uros. Sauf qu’ici, si vous regardez bien, vous verrez que des flotteurs en polystyrène sont cachés à l’intérieur... ;).
Nous ne nous sommes pas baignés, mais nous avons pris l’eau quand même (conseil : méfiez vous des vagues qui arrivent un peu vite...).
LE SITE DE CHAN-CHAN
     Chan-Chan se trouve à quelques kilomètres seulement de Trujillo. Il est intéressant de visiter le musée archéologique de Trujillo avant d’aller sur le site même. On ne visite qu’une petite partie du site, restaurée (le centre cérémoniel) ; le site entier s’étend sur une vingtaine de km².
     Chan-Chan était la capitale des Chimus (civilisation préincaïque), civilisation qui connu son apogée entre le XII et le XIVe siècle.
      La ville est construite en adobe (briques de paille et boue séchée), ce qui explique son érosion. L’adobe ne peut résister que par temps sec (idéal pour le désert côtier); pendant le phénomène d’El Nino en 1998, la partie restaurée a heureusement pu être protégée.
Voici quelques informations glanées au cours de notre visite sur le site de Chan-Chan (avec des hypothèses des archéologues) :
Le site est constitué de 9 palais ; les rois successifs devaient reconstruire un nouveau palais quand ils prenaient le pouvoir (un seul est visitable). Chan-Chan a connu 10 rois ; le dernier n’a pu édifier son palais car les Incas l’ont forcé à se rendre à Cuzco.
Le nom de Chan-Chan signifierait « soleil-soleil » ; l’assemblage de deux mots similaires accentuant leur sens, cela indiquait que l’endroit était très chaud et non que le site était dédié au soleil, comme on pourrait l’imaginer.
Le site semblait être dédié à la lune et à la mer.
Les Chimus avaient en effet remarqué l’effet de la lune sur les marées ; ils considéraient aussi la lune comme plus importante que le soleil parce que contrairement à celui-ci, elle peut être visible dans le ciel aussi bien la nuit que le jour.
Le site est aussi dédié à la mer car elle constitue la principale ressource des Chimus.
On retrouve l’importance de la mer et de la lune dans les décorations ; les murs d’enceintes sont ornés de vagues, de poissons, d'éléphants de mer et d’oiseaux (pélicans notamment) stylisés. Les murs intérieurs sont recouverts de décorations qui évoquent des filets de pêche. Dans certaines pièces sacrées apparaît le symbole de la lune.
Les chimus n’avaient pas de système d’écriture.
Dans ce palais qui constituait alors un véritable labyrinthe, des poissons étaient sculptés au bas des murs, dans les ruelles, pour indiquer dans quel sens il fallait circuler.

Le centre cérémoniel comprend une immense place où se déroulaient les rituels ; on sait que les chimus pratiquaient les sacrifices humains, des ossements de femmes et de bébés ayant été retrouvés non loin du lieu des cérémonies.
Un immense bassin rempli d’eau (par les sources souterraines uniquement) servait également aux cérémonies.
Des sépultures ont été retrouvées sur le site ; celles du roi et de ses épouses. A la mort du roi, ses femmes devaient périr avec lui. Elles étaient enterrées vivantes, après qu’on leur ait fait boire suffisamment d’alcool (chicha) pour les rendre inconscientes.
La dépouille du roi était régulièrement sortie de sa sépulture à l’occasion de cérémonies ; il était porté en procession et des sacrifices étaient faits en son honneur.

     L’invasion inca a précipité le déclin de Chan-Chan. Les Incas, en privant la cité d’eau, obligèrent le roi à aller à Cuzco, et prirent le contrôle de la ville. Les Chimus auraient bénéficié de l’aide des espagnols (et vice versa) pour se débarrasser des Incas.

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