Dogubayazit, petite ville située à une trentaine de kilomètres de la frontière iranienne... alors là on est vraiment dans l'est de l'est ! Nous voici donc au pied du Mont Ararat, où se serait échouée l'Arche de Noé.

Cette petite ville de 36000 habitants n'a rien d'exceptionnel, et semble vivre uniquement de la contrebande avec l'Iran (pétrole). La police se déplace en véhicules blindés [ça doit les changer de la traditionnelle Renault 12 :) ], et les chars, alignés sous les hangars, servent à l’entraînement des militaires.

Si la ville est sans grand intérêt, les alentours par contre valent le coup d'oeil, notamment le Mont Ararat. Le Mont Ararat (Agri Dagi), qui en fait est un volcan, culmine à 5137 m d'altitude. Il n'est pour l'instant plus possible de grimper sur le mont Ararat, car l'excursion est dangereuse (la balade est naturellement dangereuse ; s'y ajoutent des considérations d'ordre politico-militaires).

Whaouou ! Vaches et moutons ont bien de la chance de pouvoir brouter au pied d'une si belle montagne ! En regardant bien la photo ci-dessus, on peut même y voir un véritable char à foin (en bas à gauche).

Les hôtels ou agences qui organisent des excursions autour de Dogubayazit proposent à peu près tous le même circuit. Il semblerait qu'il y ait eu pendant un temps quelque chose qui ressemblait à un office de tourisme ; apparemment il aurait fermé.

   Il existe un bureau de "Tourism information" dans le centre ville, mais on dirait plutôt une agence privée... Bref, pas de problèmes pour faire les visites, mais il vaut mieux se renseigner sur les prix avant de se décider. Le tour "typique" inclut la visite du palais d'Içak Pasa, l'Arche de Noé, la visite d'un village kurde, une petite virée à la frontière iranienne et un petit tour jusqu'au 2e plus grand cratère de météorite au monde.

  Le palais d'Ishak Pasa (Ishak Pasa Sarayi)

A 5 km du centre ville, sur un promontoire naturel, il est accessible à pied (de toute façon, 9 voitures sur les 10 que vous trouverez sur votre route vous proposerons de vous y emmener... les turcs ne comprennent pas que l'on puisse aimer la marche à pied !). Ce palais est une vraie petite merveille.  Situé sur la route de la soie, il servait de caravansérail ; les caravanes pouvaient s'y reposer.

Édifié entre 1685 et 1784, l'édifice est un mélange de plusieurs styles architecturaux (ottoman, seldjoukide, perse, arménien, géorgien). Il comporte de nombreuses salles (à l'origine, 366 pièces...), on peut même y visiter les geôles (même que ça devait pas être rigolo tous les jours pour ceux qui se trouvaient là...). Il y avait même un système de chauffage central, fait d'un réseau de canalisations installées à l'intérieur même des murs (certaines sont apparentes par endroits). Si on peut s'y rendre tôt, on se retrouve tout seul sur le site. Il vaut mieux y aller avec un guide, car les explications sur la construction et sur l'aménagement du palais sont très intéressantes. On apprend par exemple que la salle de réception était entourée de miroirs, accrochés au mur de façon plongeante, afin que les serviteurs puissent voir sans déranger les convives si les plats et assiettes étaient encore pleins.

  L'Arche de Noé

  On entend souvent dire que l'Arche de Noé s'est échouée sur le Mont Ararat. En fait, c'est sur une autre montagne, toute proche, que les archéologues ont trouvé les restes de ce que l'on peut penser être un bateau. On distingue en effet une forme dans le paysage ; de là à affirmer que c'est une embarcation... Il faut cependant aller faire un petit tour dans le bâtiment qui domine l'Arche, construit spécialement pour le développement du site, où l'on pourra trouver en plusieurs langues des articles de journaux et quelques études expliquant ce qu'on a trouvé là et pourquoi ce site serait bien celui où s'est échouée l'Arche. Selon les document présentés, les arguments "pour" l'Arche sont principalement les suivants :

- il apparaît que les mesures de l’Arche trouvée correspondraient aux dimensions des bateaux de l'époque ; - les archéologues ont trouvé, lors des fouilles, des morceaux de bois qui, vu leur emplacement (écart entre eux et positionnement par rapport au reste de la structure) pourraient correspondre à des pièces de bateau comme on en construisait alors.

Il semblerait donc bien que ce qui a été trouvé soit un bateau ; reste à savoir s'il a navigué un jour ou s'il a juste été construit là. Quant à déterminer si c'est bien celui de Noé, c'est à chacun de juger...

  La visite d'un village kurde

Pas la peine de préciser "kurde" puisque dans cette partie du pays tous les villages sont kurdes, y compris 99,9% de la population de Dogubayazit...

En fait, cela n'était pas une véritable visite (et tant mieux, car nous trouvons que ce genre de balade fait un peu "visite de zoo"), mais un accueil chaleureux dans la famille de notre "chauffeur-guide-gérant d'hôtel", qui tous les jours devait amener quelques touristes pour boire le thé... Nous avons eu ici d’intéressants propos sur la question kurde.

  La frontière iranienne et le cratère de météorite

Qu'y a t-il à voir à la frontière iranienne ? Rien, sinon des kilomètres de camions à la queue leu-leu qui attendent pendant des jours, voire des semaines ou des mois, pour pouvoir traverser le poste de contrôle... la durée d'attente dépendant du bon vouloir des douaniers et du type de marchandise transportée.

Plus intéressant est le cratère de météorite, à quelques centaines de mètres de la frontière (côté turc). Ce serait le 2e plus grand cratère de météorite au monde, et en plus le trou-trou est récent, puisqu’il date de 1920. Ses dimensions : 35 x 60 m. En fait, il ne semble pas très large, mais il est très profond. Les miradors ne sont pas loin et les militaires turcs ne sont pas très tolérants envers les appareils photos. Il y a eu une petite polémique entre ces derniers et nos guides kurdes (qui ont d'ailleurs eu le dernier mot ; la photo souvenir a bien été prise...).

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